Les troubles des apprentissages : démystifier les idées reçues
« Votre enfant est paresseux… »
« Il n’est pas intelligent… »
« Il manque de motivation… »
Si vous êtes maman d’un enfant DYS, vous avez sûrement entendu ces phrases.
Ces idées reçues peuvent être blessantes et démotivantes, mais elles sont surtout scientifiquement infondées et occultent la force et le potentiel de votre enfant. Il est temps de mettre fin aux jugements et de faire place à une compréhension éclairée.
Dans cet article, nous allons démystifier les 5 mythes les plus fréquents sur les troubles des apprentissages et vous apporter les clés d’un accompagnement réussi.
Idée reçue n°1 : Les troubles DYS sont un signe de manque d’intelligence ❌
C’est probablement la fausse idée la plus répandue et la plus préjudiciable concernant les troubles des apprentissages. Combien de fois entend-on ou sous-entend-on que si un enfant peine à lire, à écrire ou à calculer, c’est qu’il n’est pas « assez intelligent » ou qu’il ne « fait pas assez d’efforts » ? C’est une affirmation complètement erronée et scientifiquement contredite.
La Réalité : L’intelligence est préservée et souvent brillante ✨
La vérité est que les troubles spécifiques des apprentissages n’affectent pas l’intelligence globale de l’enfant. Par définition, ces diagnostics sont établis chez des individus dont le quotient intellectuel (QI) est dans la moyenne ou supérieur à la moyenne.
Les lecteurs du blog ont apprécié cet article « Mon enfant est DYS, donc il n’est pas intelligent »
Les troubles DYS sont des troubles neurodéveloppementaux. Cela signifie que le cerveau de la personne traite l’information différemment, en particulier dans les zones spécifiques liées au langage, à l’attention ou à la coordination. C’est un dysfonctionnement cognitif spécifique, pas un défaut d’intelligence générale.
Votre enfant peut exceller dans des domaines qui ne nécessitent pas une utilisation intensive de la compétence déficitaire. Il ou elle peut être un virtuose de la musique 🎶, un artiste talentueux dans les arts visuels 🎨, un as de la logique scientifique 🔬, ou une star du sport 🏈, tout en ayant besoin d’aménagements et de soutien pour décoder un texte, orthographier des mots ou poser des opérations.
Les difficultés scolaires ne définissent pas l’intelligence ! 🧠
Il est essentiel de retenir que l’école n’est qu’une facette de la vie et que les notes ne mesurent qu’un type de performance académique. L’intelligence humaine est multiple : elle englobe la créativité, l’intelligence émotionnelle, la résolution de problèmes, la pensée spatiale, etc. De nombreuses figures historiques et contemporaines, reconnues pour leur génie, étaient dyslexiques ou souffraient d’autres troubles DYS (on pense notamment à Albert Einstein ou à Léonard de Vinci). Leur difficulté à l’école n’a absolument pas entravé leur capacité à révolutionner le monde.
Le message à retenir : Un enfant atteint d’un trouble DYS est avant tout un apprenant différent qui a besoin de méthodes d’enseignement adaptées pour exprimer tout son potentiel.
Idée reçue n°2 : Les troubles DYS sont une question de paresse ou de manque de motivation ❌
Après avoir écarté l’idée que les troubles DYS sont liés à un manque d’intelligence, l’autre grand mythe qui persiste est celui de la paresse ou du manque de volonté. Trop souvent, on entend des phrases comme : « S’il voulait vraiment, il y arriverait » ou « Elle n’est pas assez motivée. »
Cette interprétation est non seulement injuste, mais elle ignore complètement la réalité neurologique et l’énergie colossale que ces enfants déploient au quotidien.
La Réalité : Un effort cognitif titanesque au quotidien 💪
Contrairement à l’apparence de désintérêt, les enfants atteints de troubles des apprentissages sont souvent obligés de faire deux, voire trois fois plus d’efforts que leurs camarades pour accomplir des tâches qui semblent automatiques pour les autres.
Pour un élève dyslexique, déchiffrer un mot n’est pas un réflexe fluide ; c’est un processus cognitif lourd et coûteux qui mobilise toutes ses ressources attentionnelles. Pour un élève dyspraxique, le simple fait de tenir son stylo ou de copier une phrase peut représenter une bataille physique.
Cette surcharge cognitive entraîne une fatigue intense. Au bout d’une journée de classe, cette fatigue peut se manifester par :
- Une lenteur excessive.
- De l’agitation (le cerveau cherche à s’échapper de l’effort).
- Une protestation qui est, à tort, interprétée comme de la paresse ou de l’opposition.
Ce n’est pas un manque de volonté, mais l’épuisement d’un muscle cognitif sur-sollicité. L’enfant est en mode survie et son cerveau n’a simplement plus l’énergie de persévérer dans une tâche extrêmement difficile.
Valorisez l’effort, pas seulement le résultat 🏆
Pour briser ce cercle vicieux de la démotivation et de la culpabilité, il est crucial de changer notre angle de vision.
Plutôt que de ne regarder que le résultat final (une mauvaise note, une écriture illisible), concentrez-vous sur le processus :
- Félicitez la persévérance : « Je vois que tu as travaillé sur cet exercice pendant 30 minutes. C’est un super effort ! »
- Reconnaissez la difficulté : « Je sais que c’est très difficile pour toi de recopier la leçon. Bravo d’avoir fait la première partie. »
- Encouragez les stratégies : « J’aime la façon dont tu as utilisé ton surligneur pour t’aider à t’organiser. C’est très intelligent ! »
En valorisant l’engagement et les efforts (y compris le fait de demander de l’aide ou de prendre des pauses), vous transformez la perception de soi de l’enfant. Vous lui montrez que sa valeur ne dépend pas d’une note, mais de sa capacité à persister face à l’adversité.
Le message à retenir : L’enfant DYS n’est pas paresseux ; il est un travailleur acharné qui a besoin de stratégies adaptées pour économiser son énergie cognitive.
Idée reçue n°3 : Les troubles DYS disparaissent avec l’âge ❌
Souvent, on espère que les difficultés de l’enfant ne sont qu’un retard passager et que « ça va s’arranger en grandissant », ou que « l’école primaire va corriger le problème ». Malheureusement, cette attente peut mener à la désillusion et retarder la mise en place de l’aide spécialisée nécessaire.
La Réalité : Des troubles durables, des stratégies qui évoluent 🌱
Il est crucial de comprendre que les troubles des apprentissages sont des troubles neurodéveloppementaux. Cela signifie que les différences dans le traitement de l’information par le cerveau sont durables et persistent à l’âge adulte. Un trouble DYS ne se guérit pas.
Cependant, cette réalité n’est pas une fatalité, bien au contraire ! Si le trouble ne disparaît pas, les difficultés, elles, s’amenuisent grâce aux progrès et aux stratégies d’adaptation développées au fil du temps.
Avec un suivi orthophonique, ergothérapique ou psychomoteur adapté, et avec l’aide des outils et aménagements (ordinateur, logiciels de correction, temps supplémentaire), l’enfant apprend à contourner ses difficultés et à compenser les fonctions déficitaires.
L’exemple de la lecture chez l’adolescent
Prenez l’exemple de la dyslexie : l’adolescent ou l’adulte dyslexique continuera probablement de lire plus lentement ou de faire plus d’erreurs qu’un pair non-DYS. Cependant, il aura développé des stratégies de contournement efficaces :
- Il peut utiliser des synthèses vocales pour écouter les textes longs.
- Il peut privilégier les informations visuelles (schémas, cartes mentales).
- Surtout, il peut exceller dans d’autres formes de communication : un exposé oral, un débat, une présentation de projet. Il utilise alors ses forces (sa compréhension auditive, sa pensée globale) pour exprimer ses connaissances.
Le soutien et les adaptations permettent de déployer les talents malgré les difficultés. 🚀
Le véritable objectif du suivi et du soutien n’est pas de faire disparaître le trouble, mais de permettre à l’enfant d’atteindre son plein potentiel malgré celui-ci.
Un aménagement scolaire n’est pas un privilège, c’est une mesure d’équité qui assure que l’enfant est évalué sur ses connaissances et son intelligence, et non sur son handicap à écrire, lire ou organiser l’espace.
En offrant les bons outils, on libère l’enfant de la charge cognitive excessive de l’effort permanent (comme vu dans l’idée reçue n°2), lui permettant ainsi d’investir cette énergie dans ses domaines d’excellence.
Le message à retenir : Les troubles DYS sont un trait permanent, mais grâce à un soutien adéquat, ils deviennent une difficulté gérable qui n’empêche absolument pas la réussite professionnelle et personnelle.
Idée reçue n°4 : Il n’y a pas de solutions efficaces pour les troubles DYS ❌
Face aux difficultés persistantes d’un enfant, un sentiment d’impuissance peut s’installer chez les parents et les enseignants. On peut croire, à tort, que le diagnostic des troubles DYS est une condamnation et qu’il n’existe pas de moyens concrets d’aider l’enfant à progresser. Cette perception est fausse et dangereuse, car elle mène à l’abandon du soutien spécialisé.
La Réalité : Un arsenal d’outils et de méthodes pour la réussite 🛠️
Il existe aujourd’hui un large éventail de stratégies, d’aménagements et d’outils qui permettent aux enfants ayant des troubles des apprentissages de contourner leurs difficultés et de déployer leurs forces. L’objectif n’est pas de faire disparaître le trouble, mais de fournir des béquilles pour que l’enfant puisse avancer au même rythme que les autres.
1. Les aménagements scolaires
C’est la première ligne de défense pour l’équité à l’école. En France, le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) ou le Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP) permet de mettre en place des aides concrètes :
- Aide Humaine (AESH) : Un.e accompagnant.e des élèves en situation de handicap pour aider à l’organisation ou à la compréhension des consignes.
- Temps supplémentaire : Accorder un tiers-temps en plus pour les évaluations et les examens afin que la lenteur n’impacte pas l’évaluation des connaissances.
- Dispenses : Par exemple, dispenser un élève dysorthographique de la notation de l’orthographe dans certaines matières pour qu’il puisse se concentrer sur le contenu.
Et si vous lisiez l’article sur les AESH, les héroïnes invisibles de l’éducation
2. Les outils numériques : des alliés 💻
Les technologies modernes sont une révolution pour les élèves DYS :
- Synthèse vocale : Permet à l’enfant d’écouter le texte plutôt que de le déchiffrer laborieusement, réduisant ainsi la fatigue visuelle et cognitive.
- Logiciels de lecture et d’écriture adaptés : Offrent des aides au codage (prédiction de mots), des correcteurs orthographiques puissants et des polices de caractères adaptées (comme la police Arial).
- Tablettes et ordinateurs : Remplacent l’écriture manuelle fatigante et permettent d’utiliser des outils d’organisation numérique.
3. Les méthodes pédagogiques adaptées
Les professionnels (orthophonistes, ergothérapeutes, psychomotriciens) utilisent des approches spécifiques :
- Méthodes multisensorielles : Elles associent le visuel (couleurs, schémas), l’auditif (rythme, chansons) et le kinesthésique (toucher, manipulation). Par exemple, pour apprendre l’orthographe, l’enfant peut écrire le mot dans le sable.
- Enseignement structuré : Découper les concepts complexes en petites étapes logiques et claires.
4. Le soutien émotionnel et psychologique
Les troubles des apprentissages sont souvent sources de stress, d’anxiété et de perte d’estime de soi. Le soutien psychologique est essentiel pour aider l’enfant à :
- Gérer la frustration.
- Développer un sentiment de compétence dans ses forces.
- Accepter son fonctionnement différent.
3 stratégies simples à adopter à la maison
En tant que parent, vous pouvez devenir le meilleur allié de votre enfant en adoptant ces réflexes :
- Découpez les leçons en petites étapes : Plutôt que « Fais tes devoirs », dites « Fais l’exercice 1 pendant 15 minutes, puis fais une pause de 5 minutes. »
- Utilisez des supports visuels ou audio : Mettez en place des codes couleurs pour les matières, utilisez des cartes mentales pour réviser, ou autorisez l’utilisation d’une synthèse vocale pour les lectures complexes.
- Félicitez toujours l’effort, non seulement le résultat : Rappelez-vous l’idée reçue n°2 ! Valorisez la persévérance et le courage de s’attaquer à une tâche difficile.
Le message à retenir : La clé n’est pas de « réparer » l’enfant, mais de lui offrir les meilleurs outils pour qu’il puisse apprendre, réussir et s’épanouir en utilisant ses propres forces.
Idée reçue n°5 : Seuls les enfants sont concernés par les troubles DYS ❌
Quand on parle de dyslexie, de dyspraxie ou de TDAH, l’image qui vient spontanément à l’esprit est celle de l’écolier en difficulté. Cette focalisation exclusive sur l’enfance masque une réalité importante : les troubles des apprentissages ne sont pas une maladie pédiatrique qui disparaît à la majorité. Ils persistent toute la vie.
La Réalité : Les adultes DYS invisibles et brillants 🧑💼
De nombreux adultes vivent avec des troubles DYS non diagnostiqués. Pendant leur scolarité, ils ont pu compenser leurs difficultés par une intelligence élevée, un travail acharné (souvent au prix d’une grande fatigue), ou des aides informelles.
Cependant, ces troubles continuent d’impacter leur vie professionnelle et personnelle :
- Le dyslexique peut éprouver des difficultés avec les e-mails et la relecture de longs documents.
- Le dyspraxique peut avoir du mal avec l’organisation de son bureau, la planification de projets ou les tâches manuelles.
- L’adulte TDAH peut lutter contre la concentration en réunion ou la gestion du temps.
Le diagnostic, même tardif, est une libération et une opportunité pour l’adulte. Comprendre le trouble permet de :
- Mieux s’organiser : Adopter des outils technologiques, déléguer les tâches difficiles (comme la prise de notes ou le classement), et aménager son environnement de travail pour qu’il corresponde à son mode de fonctionnement.
- Réduire la frustration et l’anxiété : Identifier la cause réelle de ses difficultés (ce n’est pas de l’incompétence, c’est un trouble neurodéveloppemental) réduit l’autocritique négative et augmente l’estime de soi.
- Valoriser ses talents uniques : Une fois la difficulté contournée, l’adulte peut pleinement mettre à profit les forces souvent associées aux profils DYS : pensée holistique (globale), créativité, capacité à résoudre des problèmes de manière originale, ou excellente mémoire visuelle/auditive.
Les DYS peuvent réussir et s’épanouir à tout âge avec les bonnes stratégies. 🎯
Le succès professionnel de nombreux entrepreneurs, artistes, scientifiques ou sportifs adultes est un témoignage éclatant du fait que les troubles DYS ne sont pas un frein à la réussite. Ils exigent simplement un parcours différent et des adaptations.
Pour Richard Branson, être dyslexique est une force. Découvrez sa vision dans cet article ici.
Qu’il s’agisse d’un écolier qui utilise un ordinateur portable ou d’un PDG qui privilégie les réunions orales aux rapports écrits, la clé est toujours la même : connaissance de soi, acceptation et mise en place des stratégies de contournement adéquates.
Le message à retenir : Les troubles DYS durent toute la vie. Ils ne sont pas une limitation, mais un mode de fonctionnement différent qui, une fois compris, peut devenir une source de force et d’innovation à l’âge adulte.
En conclusion : Changer le regard pour changer l’avenir
L’exploration des cinq idées reçues les plus tenaces sur les troubles des apprentissages révèle une vérité fondamentale : les troubles DYS ne sont ni un manque d’intelligence, ni une paresse, ni une fatalité.
Si cet article ne doit laisser qu’un seul message, c’est celui-ci : le plus grand obstacle auquel font face les personnes DYS n’est pas leur trouble lui-même, mais le regard de la société qui les juge au lieu de les soutenir.
Que vous soyez parent, enseignant, employeur ou simplement ami, votre rôle est de passer de la stigmatisation à l’adaptation :
- Cessez de questionner leur volonté et reconnaissez leur courage.
- Arrêtez d’attendre la guérison et fournissez les outils qui leur permettent de briller.
Les personnes qui vivent avec un trouble DYS ne demandent pas de passe-droit, mais un terrain de jeu équitable. En leur offrant les aménagements nécessaires et en valorisant leurs talents (souvent remarquables en créativité, logique ou pensée globale), nous leur permettons de libérer leur plein potentiel et de contribuer pleinement à la société.
C’est en changeant notre regard que nous offrons aux DYS de tous âges les clés pour s’épanouir et réussir. La différence n’est pas un déficit ; c’est une richesse qui mérite d’être comprise et encouragée. Leur difficulté est réelle, mais leur potentiel l’est encore plus.
Quel regard portiez-vous sur les personnes ayant un trouble DYS ?

